Arrivée des plumes sur les dinosaures dans Jurassic World 3 Dominion : retour sur l'éternelle polémique relative à la rigueur paléontologique dans la trilogie Jurassic Park et la franchise Jurassic World

Aujourd'hui, un article assez long qui va revenir sur une grosse (et c'est un euphémisme) querelle au sein des fans de Jurassic Park et Jurassic World et qui dure depuis des années et des années. 

A l'aune des premières images de Jurassic World : Dominion, troisième opus de la franchise de Trevorrow et Universal, je vais tâcher d'exposer mon avis sur la pertinence de l'ajout des plumes aux dinosaures de la saga et de l'utilité bienvenue de tenir compte - autant que faire se peut bien sûr - des découvertes paléontologiques. 

Car, n'en déplaise à certains qui veulent absolument se mettre des œillères, la question de la prise en considération des avancées scientifiques sur nos chers reptiles du Mésozoïque est un élément de l'univers Jurassic Park qui est là depuis l'origine, dès le diptyque de Michael Crichton et le chef-d'œuvre intemporel de Steven Spielberg. 

Un dinosaure dont je n'avais jamais entendu parler avec des plumes dans Dominion. HALLELUJAH !

Contrairement à ce que beaucoup veulent bien dire, la réponse à la prise en compte des avancées paléontologiques n'est ni toute blanche ni toute noire, elle est assez compliquée. 

Pour simplifier l'argumentaire, nous allons y aller en plusieurs parties. 


La distanciation scientifique dans Jurassic Park

Déjà (et j'en ai parlé un peu ici il n'y a pas longtemps), rappelons un point important : la distanciation paléontologique a toujours existé dans la saga. Rien que dans Jurassic Park premier du nom (1993), on observe une différence entre ce qu'est la connaissance des dinosaures dans le film et ce qu'elle est dans la réalité. 

L'exemple le plus évident est celui de la fameuse scène dans laquelle Grant observe l'ordinateur et a une conversation avec un gamin insolent. Deux éléments de la science du film en ressortent : 
  1. Le Vélociraptor est un dinosaure du Montana qui mesure 1,80 mètre de haut pour 2,80 de long.
  2. Le Tyrannosaurus rex a une vision basée sur le mouvement. 
Il se trouve que ces deux éléments-là sont scientifiquement faux. 
  1. Le Vélociaptor est un petit dinosaure de Mongolie qui mesure à peine un mètre de haut pour deux de long.
  2. Le Tyrannosaurus rex avait très probablement une vision très développée pour chasser à peu près tout ce qu'il pouvait se mettre sous la dent.
"Oui, la taille est bonne..."

"Tu ne bouges plus car tu te dis que son acuité visuelle est basée sur le mouvement, comme le Tyrannosaurus rex..."

Il convient de souligner qu'il s'agit bien là d'éléments de la connaissance paléontologique de Grant au sein de l'univers du film, puisque le savant parle de tout ça AVANT d'aller sur Isla Nublar. Ce sont donc des affirmations qu'il tire de l'analyse des dinosaures fossiles. 

Nous y reviendrons un peu plus loin mais il est important de noter une chose : la raison scénaristique de faire dire ça à Grant n'est pas là pour faire des dinosaures d'InGen des monstres mais de faire tenir debout les éléments du film
    1. Si le Vélociraptor avait été mis dans Jurassic Park comme il est dans la réalité, il serait beaucoup moins impressionnant et surtout beaucoup moins menaçant pour les personnages et donc, par voie de conséquence, pour le spectateur. 
    2. Si le Tyrannosaurus rex se voit affublé d'une acuité visuelle basée sur le mouvement, c'est pour une astuce du scénario car sans ça le prédateur serait bien trop dangereux pour que les personnages puissent s'en sortir. Si le T.rex n'avait pas eu cette "déficience", la plupart des les protagonistes seraient morts lors de la mythique scène de l'attaque des voitures. 
On le sait, Michael Crichton puis Steven Spielberg ont pris la décision d'affubler le nom Vélociraptor à un animal qui est en réalité le Deinonychus, animal ayant effectivement vécu dans le Montana mais était plus grand que le Vélociraptor (mais quand même pas à ce point-là) et vivait une trentaine de millions d'années avant ce dernier. 

Mais ce ne sont que des décisions artistiques, il n'était pas question dans l'esprit du film de 1993 - et par extension dans celui du diptyque des saintes écritures, même si les choses y sont un peu plus nuancées - d'en faire des monstres qui ne ressemblent que vaguement à des dinosaures parce qu'ils ont été mélangés avec des ADN d'autres animaux. 

Dans l'idée de Jurassic Park 1 à la base, ce sont des dinosaures. Tout simplement. 

C'est également la même chose pour les deux films suivants de la première trilogie : les décisions artistiques qui "modifient" les dinosaures par rapport à la réalité n'avaient pas pour but d'en faire des créatures génétiques monstrueuses mais d'en faire des animaux capables d'être menaçants dans ce que la tenue du récit peut permettre de faire, ce qui a culminé avec Jurassic Park 3 qui a boosté le niveau d'intelligence des Vélociraptors jusqu'à un point un peu trop loin (encore que moi personnellement ça ne m'a jamais trop gêné, et ce d'autant plus que le cri d'appel que fait le raptor dans le labo est exactement le même que celui du premier raptor dans la cuisine) et surtout avec le Spinosaurus dont l'aspect prédateur n'est plus très naturel.


En bref, il y a donc un léger effort de distanciation qui est fait - et ce dès l'origine - entre la réalité des films et notre réalité. Les dinosaures de Jurassic Park n'avaient pas à coller à 100% à la réalité mais ils sont 100% corrects au sein de LEUR univers fictif. Dans la paléontologie de Grant le Vélociraptor vivait dans le Montana et était deux fois plus grand que dans la réalité, le Tyrannosaurus rex était incapable de voir ce qui ne bougeait pas (et avait de toute évidence un odorat peu développé pour ne pas sentir les gamins devant son pif), les Ptéranodons avaient des dents et le Spinosaurus était bien droit sur ses deux pattes postérieures et capable de tuer un Tyrannosaurus rex en un coup. 

Notons qu'à l'époque du premier film, la question de la présence des plumes n'étaient pas encore aussi certaine qu'elle ne l'est aujourd'hui. Si l'on pensait depuis longtemps déjà que les oiseaux sont issus des dinosaures - et techniquement en sont d'ailleurs -, il n'était pas évident que ces derniers aient eu des plumes. Donc, sur le principe, l'absence de plumes dans les premiers Jurassic Park n'est pas vraiment quelque chose à reprocher aux films puisque même la paléontologues n'avaient pas de preuves de ça au début des années 1990. 

La distanciation paléontologique était là pour des raisons artistiques et non pas dans un but de faire de ces dinosaures des monstres. Tel était globalement l'esprit des deux romans Jurassic Park et des trois premiers films. Les choses auraient pu en rester là mais la catastrophe est arrivée.


Jurassic World ou l'art de se compliquer la vie pour de mauvaises raisons

Non content d'avoir utilisé le postulat de départ le plus débile et incohérent qu'un opus de la saga ait eu jusqu'ici, le film de Colin Trevorrow en a rajouté également une ENORME couche sur cette incompréhension générale des fans et du grand public envers la représentation des dinosaures dans les films. 

Je parle bien évidemment du moment fameux au cours duquel Henry Wu atomise l'aura de Jurassic Park - accomplissant l'exploit de le faire plus que ce que le film faisait déjà depuis une heure - avec sa tirade de savant fou expliquant à Simon Masrani que "rien [dans le parc] n'est naturel". Que donc les dinosaures de Jurassic Park depuis le début n'en sont pas et ne sont que des fabrications cheloues mal fichues faites en labo par un timbré.  

Cette réplique de Wu n'a aucun sens au sens de l'univers établi mais est le prétexte de Trevorrow, Connolly, Marshall et Universal pour justifier le fait que les dinosaures des films ne respectent pas la réalité paléontologique. 

SAUF QUE comme dit plus haut, les dinosaures de Jurassic Park n'ont été pensés comme différents de la réalité que pour des raisons artistiques, il ne s'agissait pas de répondre à la science réelle. Les dinosaures de Jurassic Park sont 100% fidèles à LEUR réalité et c'est largement suffisant pour raconter l'histoire comme il se doit. Dans Jurassic World, il aurait été complètement normal que les dinosaures conservent leur aspect de Jurassic Park sans aller chercher des justifications à la con qui annihilent totalement ce que le premier film à apporté à la vision du grand public de ces animaux. 

Jurassic World s'est préoccupé d'un problème qui n'a pas d'intérêt au sein des films et en a fait une justification WTF qui nie aux créatures d'InGen ce qu'ils sont à la base de l'univers. L'état de fait sur la distanciation paléontologique était déjà posé dans Jurassic Park premier du nom, il n'y avait rien à ajouter de plus et surtout pas une excuse niant l'esprit artistique derrière la conception des dinosaures de Jurassic Park.

Colin Trevorrow a sacrifié l'aura particulière de la saga Jurassic Park au profit d'un argument insensé qui n'a rien à faire là. 

C'est d'autant plus dommageable que cela n'apporte en plus strictement rien au fait que l'I.rex existe dans le film. Au contraire, l'I.rex perd de sa superbe puisque devenant juste un hybride d'hybrides fabriqué par un savant fou. 

Que les films ne respectent pas totalement la réalité n'est pas grave. Mais inventer que ce ne sont pas de vrais dinosaures pour justifier un désaccord avec la réalité n'a pas d'utilité et c'est se tirer une balle dans le pied. 

Au passage, c'est également nier la portée vulgarisatrice des romans et des films. Et ça c'est presque encore plus grave mais on y reviendra plus loin.


Le cas Jurassic Park 3 

On me rétorquera sans doute que Jurassic Park 3 le faisait déjà avec la fameuse réplique de Grant au début, le paléontologue expliquant à son auditoire que "les dinosaures ont vécu il y a soixante-cinq millions d'années, ce qu'il reste d'eux se trouve dans la roche et c'est dans la roche que les vrais savants font de vraies découvertes ; Ce que John Hammond et InGen ont fait à Jurassic Park, c'est créer des monstres de parc d'attractions génétiquement fabriqués, rien de plus et rien de moins". 


Ah ça, on en lit des choses sur cette réplique (notamment sur un point rétroactif dont on a déjà parlé ici). Pourtant, il ne faut pas prendre des vessies pour des lanternes : cette phrase est bien plus révélatrice de la personnalité de Grant à ce moment-là que d'une réalité factuelle concernant les dinosaures d'Isla Sorna (les seuls restants dans l'idée de la première trilogie). En disant ça, Grant tente surtout de se convaincre lui-même que les créatures d'InGen n'étaient pas des dinosaures. D'autre part, Grant en proclamant cela tente aussi - et on le voit bien - de faire que le grand public s'intéresse encore à la paléontologie "traditionnelle" et à l'étude des fossiles alors que les gens présents dans la salle de conférence semblent considérer que déterrer des ossements est désormais une activité obsolète qui n'a pas grand intérêt (un peu comme ce que clament sur tous les toits ces chantres exaltés de l'espace qui s'en fichent allégrement de la science en tant que telle et voient déjà Homo Sapiens installé à demeure par paquets de millions d'individus sur la Lune, Mars, Callisto, Vénus, Titan, Mercure, Pluton ou autre dans une quête colonisatrice vide de sens qui souille l'esprit d'exploration et l'appétit de la découverte des beautés de la nature, plus de détails ici grâce à Ian Malcolm).
 
De tout ce que dit Grant au début de Jurassic Park 3, on sent bien qu'il garde un mauvais souvenir de son expérience sur Isla Nublar et que cette amertume le pousse à minimiser autant que faire se peut à l'importance de cette histoire. Le fait de nier leur nature aux dinosaures d'InGen s'inscrit dans cette lignée de la pensée du personnage, ce n'est pas véritablement à prendre en compte pour pouvoir affirmer que dès Jurassic Park 3 on considérait que les dinosaures étaient juste des monstres OGM.

Notons du reste que la perception de Grant évolue au fil du film :
  • En survolant Isla Sorna, il se remémore la magie des dinosaures vivants en voyant les troupeaux.
  • Il constate que les Vélociraptors d'InGen corroborent ses découvertes faites avec les fossiles.
  • A la fin du film il parle des Ptéranodons comme des animaux, pas comme des monstres. 
Pas mal comme évolution de personnage pour un film soi-disant si con et si pourri.

Donc il ne me semble pas correct de dire que Jurassic Park 3 a lancé l'idée que les dinosaures de Jurassic Park n'en étaient pas en réalité. 

Mais cela a donné corps à un argument qu'on entend beaucoup dans les discussions de fans et de cinéphiles. 


"On s'en fout de la science, Jurassic Park n'est pas un documentaire"

Si vous avez déjà discuté dans la vraie vie ou sur Internet de Jurassic Park, vous avez forcément déjà vu passer cet argument abondamment repris.

Sur le principe, cela peut s'entendre et j'ai d'ailleurs précédemment développé un point de vue qui peut faire penser à ça. Les films étant avant tout de l'art, il est normal que des choix créatifs finissent par primer pour des raisons de cohérence et de narration. 

Ok. 

Sauf que prendre ça complètement pour un argument défendable rejetant l'aspect scientifique des films est une erreur totale et revient à nier totalement l'apport de Jurassic Park pour l'image du dinosaure dans la culture populaire. Un apport qui a été voulu. 

Il faut toujours rappeler qu'en son temps Jurassic Park premier du nom marquait une certaine rupture avec la vision générale que les gens avaient des dinosaures. 

Avant Jurassic Park, l'image des dinosaures restait globalement figée dans le standard des décennies du début du XXe siècle, une vision très "reptilienne" du dinosaure comme animal à sang froid, lent, peu malin, avec la queue qui traîne au sol et la colonne vertébrale quasiment verticale par rapport au sol pour les bipèdes. C'est l'image que l'on a dans les films pré-JP, dans les livres et même dans les jouets. 

Un Styracosaurus old school dans The Son of Kong (Ernest B. Shoedsack, 1933).

Un Tyrannosaurus rex en position kangourou dans une peinture de Charles Knight (1874-1953).

Un jouet Tyrannosaurus rex du milieu des années 1990 que j'ai toujours.

L'impact médiatique et populaire considérable à contribué à faire reculer ces conceptions obsolètes, bien qu'elles ne disparaissent pas encore complètement. Mais quand vous demandez à des gens comment ils imaginent les dinosaures, la plupart d'entre eux auront à l'esprit ces animaux tels qu'ils sont représentés dans Jurassic Park (au moins le premier film). 

Si l'image actuelle des dinosaures est aussi répandue et que certaines connaissances (le lien entre oiseaux et dinosaures) sont connues même des non-passionnés, c'est essentiellement grâce à Jurassic Park.

Donc dire qu'on s'en fiche de la science dans Jurassic Park, ça revient à nier complètement ce que le film a apporté pour la science populaire. 

D'autre part, il est important de rappeler (et on en a parlé déjà ici) que c'est justement avec une volonté de dépoussiérer l'image des dinosaures que Jurassic Park fut fait, pour prendre en compte autant qu'on le pouvait avec les "contraintes" artistiques les découvertes faites lors de la Dinosaur Renaissance (aussi connue parfois sous le nom que je préfère de Révolution dinosaurienne) des années 1960-70. Les dinosaures de Jurassic Park sont parmi les premiers à avoir au cinéma une posture globalement correcte (la colonne vertébrale à l'horizontale et la queue au-dessus du sol mais les mains en mode zombie), des comportements d'animaux relativement complexes (la vie en troupeau, le comportement parental), des mouvements vifs et un certain degré d'intelligence. 

Dès le saint diptyque littéraire, Michael Crichton a intégré tout cela (allant même un peu plus loin en donnant aux bébés T.rex du Monde Perdu une sorte de duvet) et c'est dans cette droite ligne que les films se sont inscrits dès le chef-d'œuvre de Steven Spielberg.

"Et Jésus leur dit : 'Laissez tomber la Bible, lisez plutôt ces saintes écritures'."
Je vais beaucoup trop loin mais c'est la passion ^^ ! 

Si on s'en avait rien eu à faire de la science dans Jurassic Park parce que ce n'est qu'un film, jamais le risque n'aurait été pris de moderniser l'image des dinosaures car ça aurait pu perdre les spectateurs avec une vision trop différente de ce qu'ils concevaient à l'époque. 

Alors certes, oui, évidemment, au sens strict, Jurassic Park n'est pas un documentaire mais il est complètement insensé de dire que dès lors la science n'a pas à être un minimum prise en compte car c'est au contraire la volonté qui est derrière depuis l'origine. 

Notons de plus pour en revenir sur la décision WTF de Jurassic World que c'est aussi un élément en plus pour le film : certes Jurassic Park présentait des différences logiques avec la réalité malgré sa volonté vulgarisatrice mais le temps qui passe n'en a pas fait un défaut, bien au contraire puisque ça a ancré l'œuvre dans son époque. Pour avoir fait un mémoire de Master en Histoire sur ça, je peux dire que la vision d'un film dans notre contexte à nous permet au film d'acquérir une aura supplémentaire particulièrement intéressante, le cinéma agissant comme une sorte de capsule témoin de ce qu'était la représentation que l'on avait des dinosaures à telle ou telle époque. 

Quand on reverra Jurassic Park dans cinquante ans ou un siècle, il ne symbolisera plus seulement la magie du cinéma ou l'un des meilleurs blockbusters de tous les temps, il représentera aussi un témoignage de ce qu'on imaginait des dinosaures à la fin du XXe siècle. 

Idem pour les documentaires cultes qui ont marqué certains d'entre nous à vie.


De ce fait, la décision de Colin Trevorrow de ne pas vouloir aller plus loin en intégrant les dernières découvertes, si elle est logique au sein de l'univers JP, ôte aussi à son film l'opportunité de s'élever à un autre niveau, à une nouvelle étape de l'imagerie populaire des dinosaures. Ce n'est pas un problème DU film mais c'est un problème POUR le film, faisant de Jurassic World qu'un film qui ne sort pas de son statut de sous-Jurassic Park bancal et hypocrite. Dans vingt ans le film ne laissera aucune trace dans la culture populaire, il n'aura apporté strictement rien d'enrichissant aux spectateurs et à l'histoire du cinéma, si ce n'est un énième blockbuster fait pour relancer une franchise en ayant que du vide à vendre, un énième reboot de studios et réalisateurs cyniques qui n'ont rien compris à ce que signifiait l'histoire d'une saga donnée et qui n'auront su que refaire encore et encore toujours les mêmes choses dans une aberrante course aux profits qui viole le bon sens et dont Jurassic Park est, au même titre que Star Wars, Dragon Ball ou Alien, une des principales victimes. 

Le plus énervant sur ces points avec Jurassic World, c'est que la justification stupide de Wu aurait pu largement servir à intégrer les plumes et autres changements. Mais non, Jurassic World était trop occupé à prendre le public pour un idiot coincé dans le passé alors tant pis.

Et surtout que Jurassic World prétend avoir un message. Alors que non, Jurassic World est juste hypocrite et con au dernier degré : tout ce que le film entend dénoncer est applicable au film en lui-même. En cela Jurassic World ne fait pas prendre conscience du problème, il exacerbe le problème. Problème qui d'ailleurs n'en était de toute façon manifestement pas un puisque Trevorrow joue à fond la carte de la surenchère depuis Jurassic World donc c'est bien que la réflexion ce n'est pas son truc, au gars, ce n'était qu'un prétexte pour faire croire qu'il y avait un fond qui camoufle le fait que le scénario est un vide en plus d'être une hérésie qui fonctionne pas rationnellement avec les films précédents. Mais à part les fanboys les plus puérils et des critiques cinéma réputés (en particuliers sur Youtube) dont on se demande s'ils avaient bien les yeux en face des trous en voyant et "analysant" le film, les autres ne sont pas dupes. 

En fait, Jurassic World est juste tout bonnement insultant, comme lorsqu'un conspirationniste (j'en ai parlé un peu  récemment) vous prend pour un con : être pris de haut par un crétin quand, vous, vous avez fait des études et que vous savez, vous, de quoi vous parlez en ne prenant pas des vessies pour des lanternes, ça fait mal aux fesses. 

Et les gens pensent toujours que Jurassic World est la meilleure suite et le digne héritier de Jurassic Park. C'est terrifiant. Parce que tant qu'on veut aux gens ce qu'ils veulent voir même si ça n'a aucun sens avec le reste, ils sont contents. Par contre, quand il s'agit d'apporter un renouveau qui ne touche à rien, là c'est le scandale partout sur le net. 

Les gens détestent qu'un film les prennent pour des idiots... mais quand un film les prend pour des idiots, ils adorent. On en est là, merci Trevorrow et Universal. 

Enfin bref, je m'égare, revenons-en au sujet. 

Le fait de prendre en considération de façon plus ou moins partielle les découvertes scientifiques permet vraiment d'imposer un film comme un marqueur temporel fort, une œuvre marquante de son époque. De plus, être le premier à le faire impose une identité au film. Jurassic Park reste et restera dans les esprits parce que c'était la première fois que le grand public voyait les dinosaures ainsi.



Le potentiel des plumes dans Dominion

Pour ce qui est de la prochaine étape de la franchise de Trevorrow et Universal qui va continuer à faire n'importe quoi jusqu'au jour du Jugement Dernier, la présence de plumes sur les dinosaures au moins dans le prologue de Jurassic World 3 : Dominion est nécessairement une bonne décision. D'autant plus que, même en les débilités justificatives de Jurassic World, ça passe normalement dans la scène puisque celle-ci se déroule il y a 65 millions d'années, avec donc les dinosaures "purs" de l'époque (malgré le fait qu'il y a 65 millions d'années les dinosaures avaient déjà disparu depuis belle lurette mais bon). 

Malgré tout je pense qu'il est dommageable qu'elles arrivent si tard, pour les raisons évoquées au-dessus. 

Cependant, cela marque ENFIN la volonté de faire entrer la marque Jurassic World dans le XXIe siècle et c'est tant mieux. On aura au moins de la nouveauté sur un point dans ce film qui ne va de toute façon être là que pour nous vendre la trilogie suivante. 

En lien avec le point précédent, je crains toutefois que ça ne risque de perdre le public puisque des dinosaures "normaux" vont cohabiter dans le film avec des dinosaures "mis à jour". Probablement que la présence de BioSyn va servir à justifier les plumes sur certains dinosaures et pas sur les autres, et ce sera bienvenu puisqu'il ne faut pas attendre grand-chose de l'entreprise dans le film (ils vont refaire exactement pareil que d'habitude parce qu'ils ne savent strictement rien faire d'autre).

Notons d'ailleurs que les plumes avaient déjà été introduites dans Jurassic Park 3 et sans histoire de manipulations génétiques : il s'agissait tout simplement d'une évolution naturelle des Vélociraptors des deux précédents films dans leur milieu naturel (bon, seulement en quatre ans, certes, mais c'est l'intention qui compte). 

Au-delà des plumes, un autre sujet de distanciation paléontologique est le mélange de dinosaures de différentes époques du Crétacé et de différentes régions dans le prologue mais le présent article devenant bien long, nous aurons l'occasion d'en parler une autre fois (et comme on voit un truc profondément débile apparemment se dessiner, on risque de m'entendre m'énerver).


Conclusion

Pour terminer l'on peut dire que le problème de la prise en compte des découvertes scientifiques dans les films est une question épineuse qui peut être défendue de bien des façons, souvent peu judicieuses, chacun se rageant derrière l'option qui lui plait au point de perdre une juste vue d'ensemble. 

De mon point de vue, il faut trouver un équilibre entre les deux : pour des besoins scénaristiques toute la science ne peut bien évidemment pas rentrer dans un film mais on ne peut pas rejeter la science sous peine de tout simplement renier tout ce que la franchise a ambitionné d'être à l'origine. 

C'est un équilibre que les trois premiers Jurassic Park trouvaient plutôt bien.

Les dinosaures de Jurassic Park étaient à la sortie du film de vrais dinosaures, aussi proches qu'ils pouvaient l'être de la science réelle et surtout des dinosaures authentiques au sein de LEUR univers fictif. Par stupidité et fanboyisme pour cervelle de coprolithe, Jurassic World a fait l'erreur d'annihiler cette vision d'origine, préférant se complaire dans une justification complètement réductrice des dinosaures pour des raisons marketing et commerciales. 

Si l'on ne peut bien évidemment pas tout faire pour des raisons de cohérence interne, la paléontologie doit cependant continuer de faire partie intégrante de Jurassic Park, c'est une nécessité. Sans cela, Jurassic Park trahit son origine et la volonté artistique et vulgarisatrice originelle.


Voilà je pense avoir dit l'essentiel de ce que j'avais à dire sur ce sujet qui suscite querelles et polémiques depuis des années et des années dans la communautés des fans de Jurassic Park et Jurassic World à travers le monde.

N'hésitez pas à commenter pour me donner votre avis et/ou partager si le cœur vous en dit, ça fait toujours plaisir 😉.

Commentaires

  1. C'est bizarre de parler de ça sans conclure sur le fait que les dinosaures ont des numéros de version. Ceci sous-entendent qu'ils sont améliorable, ou dégradables au besoin du parc, maléables à souhait, et que tous les débats à propos de l'apparence des dinosaures sont donc à côté de la plaque et fort peu utiles si ce n'est pour claquer du temps. ^^
    Les dinosaures InGen sont comparable à l'histoire du développement des simulateurs météos. Au début fort peu fidèle à la réalité, aujourd'hui en perpétuelle évolution sans pour autant tout à fait correspondre à la réalité.
    La technologie InGen, que ce soit dans JP ou JW, n'est qu'au début d'un lent développement.
    Voilà, point à la ligne, on peut passer à autre chose, pas la peine de passer vingt ans là-dessus.

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    1. J'ai pas parlé des versions parce que comme je le dis c'est plus un problème POUR les films qu'un souci DANS les films.

      Les versions n'ont jamais été vraiment introduites dans les films aussi. On voit les numéros de façon quasi-subliminale dans JP1 et ça apparait dans les trucs du DPG mais c'est tout.

      Dans l'idée de Wu dans le roman, il a créé des dinosaures très proches de ce qu'ils étaient dans la réalité. C'est bien tout son problème.

      Quand il dit qu'on peut améliorer les dinosaures, ce n'est pas pour aller vers plus de précision et d'exactitude, puisque ça c'est déjà fait. Ce qu'il veut dire, c'est qu'on peut aller bien plus loin et qu'au lieu de créer des vrais dinosaures comme ils ont fait, on peut fabriquer les dinos que les gens veulent voir, les machins patauds et stupides.

      Dans le roman, ce sont des dinosaures réalistes pour leur univers fictif et les films jusqu'à JW suivaient cette logique-là.

      C'est pour ça que la querelle sur les plumes était très secondaire. Oui c'est dommage de se priver de les mettre parce que ça fait quelque chose de profond en moins pour les JW - déjà qu'ils ont la profondeur d'esprit d'une saison d'Alien Theory - mais dans le fond de l'univers ça n'est pas grave, les dinosaures restent des vrais qui sont cohérents avec ce qu'ils ont été dans leur Mésozoïque de fiction.

      Les débats sur l'apparence ne sont pas à coté de la plaque. Leur apparence justement reflète la volonté artistique de JP1 de changer l'image des dinosaures pour amener quelque chose de vraiment différent de ce dont le grand public avait l'habitude.

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    2. Ca n'est pas correct je trouve de dire que c'est à coté de la plaque d'autant plus qu'il y a un révérenciel temporel : les dinosaures de Jurassic Park sont dépassés pour nous en 2021 mais ils étaient très fidèles paléontologiquement parlant pour le contexte de 1993.

      Donc JP1-2-3 sont bons à ce niveau pour leur époque d'origine et ça c'est important quand on parle de cette affaire de l'apparence.

      A contrario, JW n'est pas dans la logique de son contexte pour des raisons fumeuses.

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    3. Et la preuve que les versions n'ont pas leur place, c'est que justement on ne les a pas utilisées alors que suivant ce que tu dis elles auraient pu largement être mises pour ça.

      Si tu dis qu'il y a eu un changement de version entre les dinos génération JP et ceux génération JW, ça serait passé comme une lettre à la poste.

      Le simple fait qu'aucun scénariste sur JW n'ait utilisé les versions rien l'argument du fait que ce ne sont pas des vrais et qu'ils sont améliorables caduque. Si les versions comptaient et que les dinos avaient été créés dans les limites des améliorations successives, l'explication des versions aurait été sortie pour permettre sans aucun problème les changements d'apparence. Or, ça n'a pas été le cas.

      La question de l'apparence n'a pas de cohérence interne et les versions ne sont pas prises en compte dans les films : si les dinos de JW ont la même apparence que dans JP (encore qu'ils arrivent à faire plus rétro, c'est un comble) c'est simplement parce qu'il fallait brosser les fans les plus débiles dans le sens du poil parce que le fan puéril veut voir encore et toujours la même chose sans quoi sa cervelle à QI de poule crame.

      C'est juste ça.

      Entre se mettre à dos les paléontologues ou se mettre à dos les pseudo-fans, ils ont choisi de se mettre à dos les paléontologues parce que les paléontologues, aussi triste que ce soit à dire, ne représentent strictement rien pour l'impact médiatique et commercial d'un film. Alors que si tu te mets la horde de fans décérébrés à dos, ton films aura du mal à rapporter du fric.

      C'est juste ça.

      Et derrière, on abaisse le niveau intellectuel des films pour servir des fins obscurément débiles. Un spectateur qui réfléchir c'est un spectateur qui ne s'adonne pas qu'aux produits qu'on veut lui vendre. Il faut qu'un blockbuster demande le moins de compréhension sinon le public ne suit pas.

      L'apparence obsolète des dinos dans JW est juste symptomatique de ça. Et ça s'en ressentira sur la postérité des nouveaux films, qui n'apportent strictement rien au grand public.

      Un paléontologue a dit en marge de la sortie de JW un truc assez exact : "Jurassic Park a fait découvrir aux enfants des années 1980 les dinosaures des années 1990, Jurassic World a fait découvrir aux enfants des années 2010 les dinosaures des années 1980."

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    4. Wow, rien que ça ? xD

      J'ajouterai seulement que j'ai remarqué depuis peu que ce que l'on pense être des numéros de version dans JP peut être en fait des codes d'identification comme on en voit dans la logistique.

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    5. Oui, c'est possible aussi.

      Comme InGen créait des dinosaures clones et les faisait naitre un par un, il fallait bien qu'ils aient un système d'identification cohérent.

      Ce n'est pas leur style de leur donner des noms, je pense que des matricules ou des numéros de série comme ça étaient plus facilement utilisés.

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