Jurassic Doc #40 I 1971-2021 : les 50 ans de la mission Apollo 15

Il y a cinquante ans s'ouvrait la phase finale de la plus grande exploration de toute l'Histoire de l'Humanité. 

Note : comme d'habitude avec les anniversaires Apollo, cet article sera aussi publié sur mes autres blogs. 

Après les grands succès sur la Lune des missions Apollo 11, 12 et 14 (Apollo 13 n'ayant hélas pas pu s'y poser du fait de son accident), la NASA poursuit le programme lunaire avec Apollo 15, la première mission de type J, c'est-à-dire une version améliorée et plus performante pour l'étude scientifique sur le terrain. 

L'élément le plus marquant de cette version boostée des vols antérieurs est sans conteste l'arrivée du rover lunaire, le LRV, qui permet aux astronautes de parcourir à la surface de l'astre une bien plus grande distance que ce qui était auparavant possible lors des trois missions précédentes. Mais les apports des missions J vont bien plus loin que ça : du fait des améliorations apportées à la Saturn V et à l'autonomie accrue des vaisseaux, le séjour lunaire passe de un jour à demi à trois jours et il y a  désormais trois sorties extravéhiculaires sur la Lune au lieu de deux. De quoi largement augmenter les opportunités de belles découvertes géologiques.

Apollo 15 est donc la première mission J du programme mais cette primeur est consécutive à un événement malheureux : avec les annulations encore récentes des deux dernières missions prévues qu'étaient Apollo 18 et 19 (ici), les scientifiques autour de la NASA craignaient que l'étude scientifique sur notre satellite en pâtisse puisque les seules missions J restantes ne sont alors plus qu'Apollo 16 et 17. Afin de sauvegarder la science sur la Lune autant que faire se peut, l'agence spatiale américaine décida que la mission Apollo 15 qui devait être au départ une mission H comme les trois précédentes serait finalement une mission J, la première de la phase finale du programme lunaire.

Apollo 15, une mission améliorée donc au nom de la science. De quoi bien contredire la légende noire qui entoure les missions Apollo et leur prétendue inutilité scientifique.

David Scott confirmant sur la Lune une expérience de Galilée du XVIIe siècle.

Pour Apollo 15, l'équipage est constitué de : 

• David Scott (né en 1932), commandant
• Alfred Worden (1932-2020), pilote du module de commande
• James Irwin (1930-1991), pilote du module lunaire

Notons que la doublure de David Scott pour ce vol était Richard Gordon (1929-2017), qui fut déjà pilote du module de commande lors d'Apollo 12 et qui devait marcher sur la Lune comme commandant d'Apollo 18 (là), mission malheureusement annulée en raison de stupides coupures budgétaires (tout comme la suivante, Apollo 19). Le géologue Harrison Schmitt qui devait l'accompagner sur cette mission eut, lui, plus de chance et fut transféré dans l'équipage d'Apollo 17, devenant en décembre 1972 le dernier Homme à poser le pied sur l'astre au XXe siècle et le premier scientifique à se rendre sur un autre monde. 

Après les paysages plutôt plats d'Apollo 11 et 12 puis celui un peu plus vallonné d'Apollo 14, la mission Apollo 15 doit quant à elle se poser littéralement au milieu de montagnes lunaires des Monts Apennins et à deux pas d'une immense faille, la rille Hadley. 

Vue de la région d'atterrissage de la mission.

La mission Apollo 15 est lancée le 26 juillet 1971 et se pose sur la Lune quatre jours plus tard. 

Scott et Irwin, les deux marcheurs lunaires de cette expédition, foulent la surface sélène pendant 19 heures et passent comme prévu trois jours entiers sur l'astre. En tout ils récoltèrent 77 kilogrammes d'échantillons de roches lunaires.

Il est à souligner que le LRV a largement prouvé avec cette mission Apollo 15 son utilisé durant cette exploration, puisqu'il aura permis aux deux astronautes de couvrir près de 28 kilomètres. 

Ayant validé tous les systèmes des missions J malgré un certain nombre de pépins (dont l'inclinaison du module lunaire qui manqua de peu d'être un gros problème) et permit de poser d'excellentes bases de travail et d'exploration pour les deux dernières missions, l'équipage d'Apollo 15 rentre sans encombre sur la Terre le 7 août. 

Chose nouvelle d'ailleurs, contrairement aux trois équipages précédents celui-ci n'est pas mis en quarantaine au retour de la Lune puisqu'aucun signe d'infection quelconque par de potentiels organismes lunaires n'a jamais été détecté. Notre satellite s'étant révélé dépourvu de toute vie au fil des missions précédentes, cette précaution fut considérée comme étant désormais inutile et fut donc abandonnée par la NASA pour les dernières expéditions. 

Pour compléter ce petit retour sur Apollo 15, je laisse comme d'habitude l'excellente vidéo de la chaîne Stardust : 

 

Pour terminer cet article, mentionnons une anecdote que je trouve amusante : Jim Irwin était déjà très croyant avant son séjour lunaire mais il en revint encore plus convaincu. Il se lancera par exemple à la recherche des restes de l'arche de Noé et sera un partisan du créationnisme, l'idée voulant que le récit biblique de la Genèse est une retranscription véridique de la façon dont la Terre et l'Univers ont été créés. Magnifique paradoxe donc puisqu'un homme qui avait pour conviction que le monde avait été créé par Dieu il y a environ 6000 ans a passé son temps sur la Lune à ramasser des cailloux qui avaient plus de quatre milliards d'années. Irwin avait certes tort sur l'Histoire de la Terre mais il toucha littéralement du doigt les premiers âges de l'Histoire de la Lune. 

Triste honneur, James Irwin fut en outre en 1991 le premier marcheur lunaire à mourir. Sur les douze humains ayant marché sur la Lune, seulement quatre sont encore vivants aujourd'hui. 

Le mot de la fin est laissé à David Scott, qui a, je pense, parfaitement résumé la raison d'être de notre espèce Homo Sapiens : 

N'hésitez pas à me dire en commentaire ce que vous pensez d'Apollo 15, de ses épisodes sur la Lune ou de ses astronautes, si vous en avez des souvenirs si vous étiez déjà là pour suivre la mission à l'époque 😉.