Indiana Jones 5, ENFIN le premier trailer !

Restons chez Spielberg mais parlons un peu d'Indiana Jones. Ca a été l'événement ciné de ces dernières semaines (mis à part peut-être la hype mondiale autour de la sortie prochaine d'Avatar : la Voie de l'Eau), une première bande-annonce du cinquième et dernier Indiana Jones a été dévoilée et fait déjà l'objet de moults débats sur Internet.


Mine de rien, plus grand monde n'espérait voir un cinquième Indy, tant le quatrième épisode jouit (si l'on peut dire) d'une réputation généralement épouvantable encore aujourd'hui et que le temps a passé depuis Le Royaume du Crâne de Cristal, lequel remonte à 2008. Le projet remonte à loin puisqu'au départ, dès les années 1980, selon les contrats de Lucasfilm avec Paramount, on pouvait avoir cinq opus d'Indiana Jones mais Spielberg et Lucas décidèrent rapidement de ne pas le faire, le premier passant à d'autres aspects du cinéma après La Dernière Croisade tandis que le second s'attelait à la série télévisée Les Aventures du Jeune Indiana Jones au début des années 1990. L'éventualité d'un cinquième film n'est réapparue véritablement que bien plus tard, lorsqu'Indiana Jones 4 a fini par se faire et que le succès aidant la question d'une suite se posa (il fut un temps où il était même question d'en faire un sixième). Finalement, ce n'est qu'avec le rachat de Lucasfilm par Disney en 2012 que les choses commencent à se décanter mais encore très lentement, la firme aux grandes oreilles étant trop occupée à produire le plus rapidement possible de nouveaux Star Wars jusqu'à plus soif (j'y reviendrai un peu plus loin parce que c'est justement un point sur lequel je fonde énormément d'espoir). 

Échappé enfin d'un long development hell comme son controversé prédécesseur, ce n'en était pas fini pour autant pour Indiana Jones 5, le film ayant subi à peu près tout ce qu'il est possible de subir pendant une production (retards, incidents, reshoots, problèmes diverses, blessures d'acteurs, etc). Mais après bien des péripéties, ça y est, le film est là et sa première bande-annonce a été publiée par Disney. Je vous laisse donc ci-dessous le premier aperçu d'Indiana Jones et le Cadran de la Destinée


Je suis un énorme fan d'Indiana Jones depuis mon enfance (c'est ma saga préférée après la trilogie Jurassic Park) et un passionné d'Histoire alors donc qu'est-ce que j'en ai pensé ? Eh bien, dans l'ensemble, je suis bien hypé. 

Nombre de viewers auront fait remarqué que le trailer est construit de façon similaire à ce que Disney avait fait voici déjà huit ans pour le fameux Star Wars, épisode VII : le Réveil de la Force. C'est un point qui alimente bien des craintes et des critiques mais, pour l'instant, je suis plutôt de l'avis contraire concernant ce que cela dit du film. À mon avis, ce rappel à la postlogie de sinistre mémoire est là pour montrer au public que les leçons ont été apprises, qu'Indiana Jones 5 va justement réussir ce que la dernière trilogie Star Wars a échoué à faire. C'est l'impression que j'ai. Une impression sans doute très subjective qui part du fait (j'ai peut-être tort, vous me direz) que je ne peux pas concevoir que les têtes pensantes de Disney puissent avoir été assez stupides pour faire deux fois la même erreur en s'attendant à un résultat différent.  


Un point qui, évidemment, suscite la controverse est la présence du voyage temporel comme élément central du film, ce qui n'est désormais plus qu'un secret de polichinelle (la vraie surprise serait qu'il n'y soit pas !). Très franchement, en l'état de ce qu'on a actuellement comme informations, je pense qu'il est prématuré de s'inquiéter... mais quand même, j'ai énormément de mal à comprendre pourquoi les scénaristes se sont embarqués dans une galère pareille. Le coté SF, s'il, n'en déplaise aux rageux, faisait sens avec les extraterrestres dans Le Royaume du Crâne de Cristal, n'a pas été apprécié par le grand public en général. Donc pourquoi dans un cinquième film repartir encore sur quelque chose de similaire qui risque de ne pas faire l'unanimité alors qu'il est pourtant bien plus simple de prendre comme macguffin une quête dans le moule des trois premiers (genre l'Atlantide, c'aurait été idéal et ça s'écrivait quasiment tout seul). Alors le voyage dans le temps sera peut-être très bien utilisé dans Le Cadran de la Destinée sans doute. Mais j'ai encore beaucoup de mal à comprendre l'intérêt de la chose. 

"Mets la gomme, Chewie !"

La thématique du voyage dans le temps se double de celle du rajeunissement d'Harrison Ford, élément qui est également source de nombreux débats. Certains imaginent, en partant de leaks foireux qui font passer le scénario de Jurassic World : Dominion pour du Shakespeare, que c'est le vieil Indy qui remonte le temps et qui se rajeunit au fur et à mesure des moments, l'"esprit" du vieil Indy étant en quelque sorte transféré dans son lui du passé. À mon avis, le rajeunissement de Ford n'a pas grand-chose à voir avec le voyage dans le temps, je pense que c'est juste un gros flashback qui va permettre d'ancrer la quête du personnage en 1969 dans son passé (ce n'est pas nouveau, c'est déjà ce qu'on avait au début de La Dernière Croisade avec la croix de Coronado et Indy mentionne au début du Royaume du Crâne de Cristal qu'il a déjà cherché la cité perdue d'Akator dans sa jeunesse). Je pense que c'est juste ça, tout simplement, une grosse scène (qui, selon certaines informations, durerait une bonne demi-heure) qui pose la base de l'intrigue, la première rencontre entre Indy et l'antagoniste principal. 


Une chose rassurante et qui me fait fonder beaucoup d'espoir, c'est que le réalisateur (James Mangold, bien connu pour Logan et le western 3h10 pour Yuma) assume complètement le fait de parler d'un héros vieillissant. Dans Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal, c'était quelque chose qui avait finalement été peu exploité, le fait que l'archéologue ait vieilli (le film se concentre en fait plus sur le temps qui passe que vraiment sur ce que ça implique physiquement pour Indy lui-même). Quelque chose qui serait intéressant à développer et qui rendrait le film réellement important (beaucoup se posent encore la question de l'utilité même de l'existence de cet opus), c'est vraiment la vision et le recul d'Indiana Jones sur sa vie, sur ce qu'il a fait, sur sa famille, etc. Que le personnage entame une réflexion sur lui-même au crépuscule de son existence, en somme, et que donc la quête du cadran lui apporte quelque chose pour terminer son arc. Cela est d'autant plus nécessaire que ce sera la dernière apparition du personnage et qu'il mérite quelque chose d'émouvant et de marquant qui fasse sens. 


Concernant le macguffin, je n'ai pas grand-chose à en dire. Je suis un peu déçu donc que ce ne soit pas l'Atlantide mais un artefact inventé qui semble sortir lui aussi de l'univers de la Grèce antique, ça peut être intéressant. Pour l'instant il est trop tôt pour hurler que ce point ne va pas, on en sait trop peu sur l'objet pour le kiffer ou le détester. 


Un point par contre sur lequel j'ai certaines craintes, c'est le fait de parler des nazis de la NASA. Le film se passe en 1969 (au moment donc où les Américains marchent pour la première fois sur la Lune) et le personnage joué par Mads Mikkelsen (inoubliable Chiffre dans Casino Royale) est clairement présenté par James Mangold comme étant inspiré par Wernher Von Braun (1912-1977). Là où ça me gêne, c'est que ça risque d'en remettre une couche sur Von Braun et sur un certain nombre de savants allemands qui sont à l'origine du programme spatial étasunien. Von Braun avait développé des fusées avec l'objectif d'aller dans l'espace dès sa jeunesse avant de devoir fabriquer les terribles V2 pour le compte du IIIe Reich. Quand la guerre s'est terminée, Von Braun s'est rendu aux Américains et ces derniers les ont utilisés pour mettre au point, guerre froide oblige, des fusées sondes et des missiles intercontinentaux. Von Braun en profita également pour faire avancer ses grands projets, vulgarisant l'espace dans des productions Disney à la télévision dans les années 1950 (comme ici). De là, la situation de la course aux armements s'est transformée en course à l'espace et Von Braun fut l'architecte des grandes réussites américaines, d'Explorer 1 (le premier satellite américain) aux débarquements de douze hommes à la surface de la Lune (liste). Von Braun avait certes sa carte au parti d'Hitler mais c'était bien plus un nazi de circonstance qu'un adorateur de l'idéologie de Mein Kampf. Pour dire les choses clairement, Von Braun ne doit pas être confondu avec un Mengele, ce sont deux types de nazis complètement différents. En jouant sur les nazis de l'espace, j'ai peur que le film en remette une couche dans la machine à mythes urbains et que ça n'ait des répercussions sur l'image de la NASA (déjà qu'elle est vue tantôt comme une dépense qui ne sert à rien, tantôt comme une agence molle qui n'a plus de vision depuis cinquante ans, tantôt comme une manipulatrice responsable de diverses conspirations et dont le fonctionnement ferait passer la Stasi pour une colonie de vacances). Les blockbusters n'étant pas toujours très doués pour faire dans la nuance quand ils prennent des éléments historiques, j'ai peur que le film répande des exagérations et de contre-vérités sur le rôle de Von Braun dans l'histoire spatiale américaine (pour plus de détails sur cette histoire, je vous laisse ici et  les deux excellentes vidéos d'AstronoGeek). 

Rajoutons que, je pense, le choix de placer l'action du film en 1969 et de parler de la conquête de la Lune en toile de fond n'est probablement pas juste là pour rendre l'âge d'Indy cohérent avec celui d'Harrison Ford. C'est clairement là pour symboliser toute l'évolution du monde autour d'Indy, un homme qui est vieux dans un monde qui ne ressemble plus à celui qu'il a connu dans sa jeunesse. Quand Indy est jeune, les avions et les voitures ne commencent que doucement à faire leur apparition et là il voit quelques décennies plus tard seulement des hommes marcher sur la Lune. 

Von Braun devant les moteurs de sa fusée Saturn V des missions Apollo.

Pour le reste, je n'ai pas grand-chose à dire, ça va. Je suis contents de voir de nouveau Sallah, il y a une bonne ambiance de mystère, ça bouge bien. Beaucoup de critiques sur tel ou tel plan sont franchement pétées. On notera cependant évidemment que la réplique "Je ne crois pas à la magie" est un assez incohérente avec tout ce que le personnage a vu et a vécu dans les trois premiers films. C'est un peu comme si Alan Grant disait dans Dominion qu'il ne croit pas que les dinosaures existent. 

Mais pour l'instant, je reste assez optimiste quant au fait que le film sera à la hauteur. Des suites tardives qui ont réussi à être dignes, c'est miraculeux mais c'est déjà arrivé. Cette année, ça a été le cas pour Top Gun : Maverick. Il semble que l'on se dirige vers ça pour Avatar : la Voie de l'Eau. Gageons qu'Indiana Jones et le Cadran du Destin en fera aussi partie. 

Enfin, ce n'est qu'une première bande-annonce. La première bande-annonce d'Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal (2008) était aussi rassurante et ne montrait pas trop les erreurs du film. 


Et il n'y a pas un an, j'étais aussi assez optimiste avec les trailers de Dominion et on a vu comment ça s'est terminé.


Et vous qu'avez-vous pensé du trailer d'Indiana Jones 5 ? N'hésitez pas à me le dire en commentaires.

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